La violence éducative : un trou noir dans les sciences humaines #4

Compte rendu et commentaires du livre La violence éducative : un trou noir dans les sciences humaines, d’Olivier MAUREL
4e partie : Les chercheurs du corpus étudié n’ont pas vu/voulu voir l’existence de la violence éducative…

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Le vide total.

Le corpus choisis par Olivier MAUREL est essentiellement constitué de psychologues, psychanalystes, pédopsychiatres et sociologues. Et voilà le constat :

  • 6 auteurs sur 99 font un lien évident entre la violence éducative et les comportements dévients à l’âge adulte.
  • 10 auteurs l’évoquent, mais ne la développent pas. Ils sont nombreux à raconter la théorie freudienne des pulsions ; l’enfant est un « pervers polymorphe » qui cherche à assouvir les pulsions du Ca. Il lui faut passer l’ultime phase oedipienne pour que le Surmoi lui permette de se développer dans la « normalité ». Un des auteurs, chercheur en sciences de l’éducation, rappelle même qu’il est normal d’infliger des châtiments corporels violents dans certains pays, que c’est culturel et que cela doit être accepté et non jugé.

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  • 8 auteurs sur 10 n’en parlent pas. 80%. Et lorsque Olivier MAUREL les a interrogé pendant son étude, ils ont principalement répondu avoir « oublié », ou avoir trouvé la violence éducative anecdotique.

Puis l’auteur tente d’expliquer ce « trou noir » :

  • Méconnaissance du phénomène
  • Négation
  • Minimisation
  • Adoption du point de vue parent « heureusement qu’ils m’ont botté le cul »
  • Oubli car la mémoire personnelle ne nous permet pas de retourner en deçà de 3 ans

Mais il retient surtout cette hypothèse liée à la théorie de l’attachement. L’attachement est obligatoire de la part du bébé. L’amour envers ses parents est inconditionnel car il en va de sa survie. Du coup, face à des parents violents :

petit enfant

  • Le petit enfant trie les informations comportementales, c’est « l’exclusion défensive » et il peut ainsi se protéger des souffrances
  • Il crée un « modèle interne opérant », un schéma comportemental pour se protéger, et qui reste un filtre tout au long de son développement
  • Et redirige toute son agressivité vers une autre cible moins dominante que l’image du parent.

Pour conclure ces constats – et pour créer une polémique gratuite ici-même – , Olivier MAUREL affirme que pour accuser la violence éducative ordinaire, il ne faut pas l’avoir subie, car dans ce cas, l’individu ce trouve dans le schéma tripartite « exclusion défensive – modèle interne opérant – redirection », ou bien avoir connu un « témoin secourable », un tiers ayant permis une guérison totale ou partielle des blessures infligées.

CQFD.

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