» Pour moi, d’abord le bonheur c’est une disponibilité à tout ce qui arrive et c’est une capacité de trouver la joie en tout… »
Dans la même direction que Sam Berns, Alexandre Jollien…
… De ne se concentrer que sur les belles choses de la vie… Que sur ce qui marche, sur ce que l’on aime, ce qui nous donne de la joie. J’aimerais que le travail de l’éducateur soit ainsi… Qu’il accompagne l’individu à l’activation de la zone « joie ».
Je savais que Sam Berns était décédé il y a quelques années. J’avais déjà regardé cette magnifique vidéo. Je n’avais pas réalisé qu’il était mort quelques semaines plus tard. Quel bel héritage… Je vous le partage, pleine d’émotions.
Voici un texte que je pense fictif, qui est néanmoins magnifique… Encore un texte de Jacques Salomé*.
« J’ai peur de te parler, maman, parce que je sais que je déclenche des tas de peurs en toi chaque fois que je tente de te dire ce qui m’habite. Quand je te parle de mon amoureux, de mes copines qui font l’amour ou qui rêvent de voyage, de partir à l’étranger, ou encore de faire du théâtre; quand je te confie que mon copain a des désirs et que moi je retiens les miens, je déclenche chaque fois des comportements excessifs et même des crises de folie de ta part. Tu parles, tu parles, tu me noies de mots, de conseils, comme pour évacuer tout le malaise que cela a réveillé en toi. Tu veux tout de suite me prendre en charge, m’expliquer, me rassurer. Tu anticipes le pire et tu me proposes aussitôt des solutions. Tu voudrais que je fasse aussitôt quelque chose pour calmer tes angoisses…
A la moindre sortie un peu tardive, tu évoques enlèvement, viol, prostitution, drogue, sida. Tu surveilles mon linge intime, vérifie mon cycle et je sais que tu lis aussi mon journal, enfin, mon faux-vrai journal. Celui que je laisse en évidence au fond du tiroir où je sais que tu vas le trouver, dans lequel j’écris des banalités ou le ronron du quotidien , pour te rassurer, t’apaiser, t’endormir.
Maman, je ne veux plus te mentir ni faire semblant. C’est vrai, je ne suis pas cette fille idéale sans aucun problème, gentille, soumise et peureuse dont tu rêvais. Je ne sais pas ce que je réactive chez toi, mais je ne veux plus collaborer à cette espèce d’escroquerie que je ressens venant de ta part, dans laquelle je me laisse entraîner malgré moi. Une espèce de contrat implicite d’après lequel je devrais me sentir aimée et respectée tant que je me moule à tes désirs, d’après lequel je devrais exister a minima pour ne pas réveiller tes peurs ou ta culpabilité de ne pas être une bonne mère.
Maman, je ne veux pas payer le prix de ton refus ou celui de tes peurs… Aussi tu l’as peut être perçu, actuellement je me tais, je ne partage plus rien avec toi, je m’absente d’une relation vraie. Depuis quelques temps tu redoubles de questions, tu m’agresses encore plus. Et tu ne sais même pas que, ce faisant, je te protège, que je fais tout ça pour toi, pour ne pas augmenter ton angoisse ou ton désarroi.
Maman, lâche moi les baskets, ose me faire confiance en te faisant confiance, c’est urgent.
Ta fille, hélas unique, qui t’aime »
* Un autre très beau texte de J. Salomé, et quelques lignes sur l’auteur ici: https://ooosophiemaraisooo.wordpress.com/2016/05/16/ecoute-juste-ecoute-en-silence/
… et la possibilité de les accueillir …
« Une jeune femme se fait suivre par un crocodile qui représente sa timidité. Comme il lui empoisonne sa vie, elle tente par tous les moyens de s’en débarrasser. »
Je partage ce magnifique texte de Jacques Salomé*.
Parce que j’ai trop souvent vu (et… vécu…) ces parents, enseignants, éducateurs… ces thérapeutes aussi… Qui attrapaient ce qui était dit pour en fabriquer un avion en papier. Mais avec leur papier, leur couleur, leur façon de plier et de lancer.
Et l’avion en papier devenait un avion de chasse. Bref. Voici un texte qui parle directement au cœur.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
« Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des conseils, je ne me sens pas entendu.
Quand je te demande de m’écouter et que tu me poses des questions, quand tu argumentes, quand tu tentes de m’expliquer ce que je ressens ou ne devrais pas ressentir, je me sens agressé.
Quand je te demande de m’écouter et que tu t’empares de ce que je dis pour tenter de résoudre ce que tu crois être mon problème, aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens parfois plus en perdition.
Si tu fais çà pour moi, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation et peut-être renforces-tu ma dépendance.
Quand je te demande ton écoute, je te demande d’être là, au présent, dans cet instant si fragile où je me cherche dans une parole parfois maladroite, inquiétante, injuste ou chaotique. J’ai besoin de ton oreille, de ta tolérance, de ta patience pour me dire au plus difficile comme au plus léger.
Oui, simplement m’écouter… sans excusation, ni accusation, sans dépossession de ma parole, sans tentative d’appropriation de ce que je te dis.
Écoute, écoute-moi quelquefois !
Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter. Au plus proche de moi. Simplement accueillir ce que je tente de te dire, ce que j’essaie de me dire, car c’est cela le plus difficile.
Ne m’interromps pas dans mon murmure, n’aies pas peur de mes tâtonnements et de mes imprécations. Mes contradictions comme mes accusations, aussi injustes soient-elles, sont importantes pour moi.
Je ne me sers pas de toi, mais c’est vrai, j’ai besoin de toi à ce moment-là.
Par ton écoute, je tente de dire ma différence, j’essaie de me faire entendre surtout de moi-même. J’accède ainsi à une parole propre, à une parole mienne, celle dont j’ai été longtemps dépossédé.
Oh non ! Je n’ai pas besoin de conseils ou de réassurances dans ces moments-là ! Je peux agir par moi-même et aussi me tromper. Je ne suis pas impuissant, parfois démuni, découragé, hésitant, pas toujours impotent.
Si tu veux faire pour moi, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation et peut-être renforces-tu ma dépendance.
Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre.
Quand je me sens écouté, je peux entrer en reliance. Établir des ponts, des passerelles, certes, incertains et fragiles entre mon histoire et mes histoires, mais j’avance.
Je peux relier des événements, articuler entre elles des situations, donner du sens à des rencontres ou simplement accepter mes émotions. Dans la trame de mes interrogations, tisser ainsi l’écoute de ma vie.
Oui, ton écoute peut être passionnante.
S’il te plaît, écoute-moi et entends-moi.
Et, si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant, que je puisse terminer et je t’écouterai à mon tour, mieux, surtout si je me suis senti entendu dans cet espace de moi, plus ouvert à toi.
Jacques Salomé, Lettres à l’intime de soi, Albin Michel, Octobre 2003
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Jacques Salomé n’est pas seulement un écrivain célèbre dans le milieu – souvent contesté dans nos milieu de l’éducation spécialisée souvent teinté de théories psychanalytiques – du « développement personnel ». Il est diplômé de l’école des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris. Avant sa célébrité, il était un collègue… directeur d’un centre pour jeunes délinquants, puis il a formé un centre de formation en relations humaines.
Un lien pour mieux le connaître : site officiel de Jacques Salomé
« C’est pas parce que je suis différente qu’il faut pas me dire un vrai bonjour ! »
Un très beau dessin animé écrit et réalisé par Julien Vergé. Je pourrais écrire 3 lignes de synopsis, mais je vous laisse découvrir les 6’42…
Judith existe vraiment! C’est une fillette de 11 ans polyhandicapée à la suite d’une méningite. Ce court métrage a été initié par ses parents, qui souhaitaient briser le « tabou » du polyhandicap, et de la non-communication qui semble le caractériser.
Lien vers le site réalisé par la famille : http://sacreejudith.blogspot.fr/
… sur la différence, sur l’inclusion …
A l’initiative de l’association des Papillons Blancs d’Epernay.
Un beau projet qui a réuni des adultes en situation de handicap et des enfants du collège d’Epernay, autour de la création d’un court métrage en stop motion*…
lien vers le site de l’association des Papillons Blancs d’Epernay: http://www.papillonsblancsepernay.org/
* Le stop motion, kesako? Une technique de vidéo vraiment chouette à découvrir, pratiquer, et exploiter lors de médiations éducatives!! Si si! Qui plus est, c’est assez simple. Il y en a qui font du Stop motion avec leur portable et le logiciel Movie Maker de Windows! C’est un procédé hérité du cinéma. Il s’agit d’animer des objets inanimés. On peut faire se déplacer un crayon sur une table, lui donner vie, lui construire une histoire. Il suffit de prendre des photos en le déplaçant d’un petit cm à chaque fois. Puis de faire défiler les images pour construire un film. Les pros (genre Tim Burton) font du 24 images par seconde, mais 12 images par seconde donnent déjà un rendu plutôt sympathique…
Il y a ce site communautaire bien documenté pour se faire une idée, voire s’autoformer : http://www.lemondedustopmotion.fr/
J’ai moi-même participé à un stage lors d’un week-end, dans le cadre de mes études d’éduc. C’est vraiment un outil génialissime!
Et par singulière, j’ai envie de rattacher cette belle découverte du jour à ma passion pour l’Art Brut…
Voici une vidéo qui tourne, qui tourne, qui tourne sur les réseaux sociaux.
Une vidéo qui vient toucher, pointer, retourner.
Et j’avais vraiment envie de la partager.
Il y a quelques jours, ma formatrice Faber et Mazlish a lancé cette réflexion – et j’aurais aimé être la réflexionneuse tant c’était juste : « … Par exemple l’exercice de la Dictée… Pourquoi compter les réponses fausses ? On devrait avoir un système pour mettre en valeur les bonnes réponses! »*
Alors j’ai pensé à TOUS ces enfants, à tous ces ados, et à TOUS ces adultes aussi… En institutions spécialisée ; mais pas que !!!! On met en avant les lacunes, et puis les progrès par rapport auxdites lacunes. Mais quid des qualités, des compétences, les immuables, les innées, ou les acquises, celles qui ont toujours existé, celles qui sont ancrées, tout ça… ? Elles deviennent anecdotiques.