Une discussion avec une collègue cette semaine a réveillé un souvenir. Je pense que c’est l’un des cours qui m’avait le plus marqué, sûrement parce qu’à ce moment-là, j’effectuais un stage dans une institution loin, très loin de la bienveillance et de la bientraitance.
Ce cours était basé sur une étude publiée par des chercheurs de l’université de Lille Nord de France qui s’étaient intéressés au fonctionnement des institutions scolaires et à l’impact dudit fonctionnement sur le comportement des jeunes*. Le résultat de leur recherche montre que l’insécurité voire la violence ressentie par les élèves dépend de la cohérence et de la clarification de leur système. Ils ont créé une typologie à 5 niveaux.
Niveau 1. l’organisation structurale, basée sur le fameux « bon sens »…
– Le fonctionnement est plutôt intuitif, basé sur ce « bon sens » sensé être partagé par tous.
– Importance du « charisme » des adultes, du dynamisme des acteurs
– Le niveau de clarification des règles est peu claire, surtout basé sur une tradition « orale » de l’établissement.
– Les professionnels sont surtout animés par la volonté « de faire de leur mieux », mais aucun principe de gestion de comportement n’a été défini.
– Le travail en équipe est peu existant. L’équipe est surtout composée de groupes affinitaires.
– L’institution se trouve « en réaction » face à la violence.
Niveau 2. L’organisation fonctionnelle, où l’on s’interroge, mais le fonctionnement reste incertain
– L’institution s’interroge, peut même remettre en cause l’institution de départ. L’équipe prend part aux interrogations.
– La formalisation reste faible, la concrétisation est lente.
– Les divergences éthiques, axiologiques et techniques l’emportent sur la cohérence. Les objectifs et projets ne sont pas partagés
– Face à la violence, l’institution se place en « réaction – réflexion »
Niveau 3. L’organisation technique, fondée sur des procédures
– L’institution s’est interrogée sur le fonctionnement des établissements performants.
– L’équipe partage des références axiologiques, déontologiques, téléologiques et techniques
– Il existe des routines de fonctionnement clarifiées collectivement.
– Les projets sont définis, les objectifs, les moyens clarifiés.
– Il existe de réelles réflexions sur l’univers des usagers et des professionnels
– C’est la « réaction – prévention » qui prévaut en cas d’incident.
Niveau 4. L’organisation technico-fonctionnelle, c’est à dire adaptative et avec un fonctionnement optimisé…
– Les routines de fonctionnement peuvent être adaptées au gré des évolutions et des besoins. Elles s’adaptent aux caractéristiques du public accueilli, mais aussi des professionnels et de l’environnement.
– Elle analyse les réussites des autres institutions
– L’évaluation interne repère les défaillance
– Les régulations existent
– En cas d’incident, l’institution est dans la « prévention »
Niveau 5. L’organisation experte et innovante
– En plus des éléments précédents, l’institution utilise le charisme, le dynamisme, le savoir, la motivation des acteurs pour proposer un service singulier et innovant.
– En cas d’incident, l’institution est dans la « prévention – innovation »
*JOING Isabelle, MIKULOVIC Jacques, BUI-XUAN Gilles, étude publiée in : International Journal of Violence and school, n°11, septembre 2010, p33-71 et dans la revue Spiral-E-Revue de Recherches en Education-2010 Supplément électronique au N°45
Mais vous pouvez surtout aller lire l’étude ici : http://www.ijvs.org/4-6053-Article.php?id=84&tarticle=0
Sophie Marais 